Au Bénin, le dialogue parent-enfant sur la santé sexuelle et de reproduction est très embarrassant surtout pour les parents. Pendant des années, cela est resté sans conséquences visibles à court terme. Très tôt exposés à des notions totalement erronées sur la santé sexuelle et reproductive grâce à l’essor des TICs, les enfants commettent le pire et parfois, l’irréparable.
Visiblement, les parents sont conscients de la responsabilité qui est la leur, mais la non-maîtrise du sujet et la peur de l’aborder constituent des obstacles. Retrouvez ici, quatre méthodes efficaces pour éduquer votre enfant à la santé sexuelle et reproductive.
Débutez tôt le dialogue sur la sexualité
La meilleure manière d’éduquer et suivre efficacement votre enfant par rapport à sa santé sexuelle et reproductive est de l’approcher tôt. N’attendez pas qu’il vous pose des questions en premier. Généralement, les parents engagent le dialogue après l’apparition des caractères sexuels secondaires chez l’enfant pubère. Pour les filles, ils apparaissent en moyenne à 10 ans. Pour les garçons à 12 ans.
Vu l’accessibilité accrue des enfants aux TICs en l’occurrence l’internet( réseaux sociaux) et la télévision, cette démarche n’est plus recommandée. Ayant eu quelques informations(dont 80% sont fausses) sur la santé sexuelle et reproductive grâce à ces différents canaux, l’enfant n’est plus disposé à recevoir d’autres informations(vraies) de la part de ses parents. Il considère l’information apportée par le parent assez tardivement, peu crédible et révolue.
Aussi, entamer tôt un dialogue franc avec votre enfant vous permet de le suivre progressivement jusqu’à une prise de conscience, passant pas l’adolescence, période de turbulences. Il est souvent très difficile d’aborder les thématiques liées à la santé sexuelle et reproductive avec un enfant déjà pubère.
Mettez votre enfant en confiance
Le dialogue sur la sexualité ne peut prospérer si votre enfant ne vous fait pas confiance. Il vous revient de gagner sa confiance en faisant preuve de sagesse, en maîtrisant le sujet et en apportant une réponse claire à ses préoccupations. Ainsi, il aura de la facilité à vous poser des questions et à se confier en cas d’agression sexuelle.
Maîtrisez les thématiques sur la santé sexuelle et reproductive
Il est primordial de maîtriser les différentes thématiques liées à la santé sexuelle et reproductive avant d’engager le dialogue avec votre enfant. Votre enfant ne peut avoir confiance en vous si vous ne maîtrisez pas le sujet. Pour cela, cultivez-vous. Faites des recherches sur des sites fiables qui abordent les thématiques liées à la santé sexuelle et reproductive. Lisez des documents sur la santé sexuelle et reproductive. N’hésitez pas à solliciter des spécialistes en cas de besoin.
Faites preuve de sagesse et restez serein
Clairement, votre enfant ne peut pas vous faire confiance si à chaque fois vous perdez le contrôle lorsqu’il vous pose des questions “osées”. Vous devez garder votre calme et lui donner une réponse adaptée à son âge. Aussi, ne soyez pas réservé. Discutez avec lui sans gêne, afin qu’il comprenne que le dialogue sur la sexualité avec vous est normal.
Abordez le sujet avec votre enfant selon son âge
Ce n’est pas très pédagogique de commencer par les questions les plus nébuleuses sur la santé sexuelle et reproductive avec votre enfant. Selon son âge, vous devez adopter un langage et les notions correspondantes.
À 3 ou 4 ans, introduisez les notions les plus basiques
Expliquez par exemple à votre enfant pourquoi les filles sont physiquement différentes des garçons, les types de relation entre humains et le consentement.
À partir de 6 ans, commencez à spécifier les questions préalablement traitées
Expliquez à votre enfant, les implications d’une relation amoureuse. Vous pouvez prendre pour exemple la relation entre vous et votre partenaire si vous êtes en couple. Vous pouvez également lui expliquer les changements qu’il observera sur son corps à la puberté.
Âgé de 12 ans, votre enfant est à présent capable d’assimiler plus d’informations
Vous pouvez aller sur le fond du sujet. Lui expliquer ce qui se passe dans son corps, les raisons pour lesquelles il désire une personne en particulier. Insistez sur la notion de consentement. Évoquez et expliquez-lui les différents moyens de contraception.
De même, expliquez-lui les bonnes pratiques pour une hygiène menstruelle peu importe son sexe. Cela entre dans le cadre de la déconstruction des mythes sur la menstruation. Faites tout ceci de façon graduelle afin de lui permettre de comprendre.
Protégez votre enfant des mauvaises influences extérieures
Il ne suffit pas d’un dialogue pour réussir l’éducation sexuelle et reproductive de votre enfant. Il est important de ne pas l’exposer à des contenus inadéquats sur internet. Nous vous recommandons des logiciels de contrôle parental. Vous pouvez les installer sur le téléphone portable de votre enfant ou sur son ordinateur.
Il est également important de limiter l’accès des enfants aux programmes de télévision inadaptés à leur âge. Vous pouvez par exemple autoriser l’accès aux chaînes de télévision que vous jugez inadaptés sur l’entrée d’un code secret.
Les mauvaises compagnies sont également des influences extérieures qui pourraient avoir un impact négatif sur l’éducation sexuelle et reproductive de votre enfant. Cherchez à connaître ses amis. Demandez par exemple à votre enfant d’inviter son meilleur ami ou quelques-uns de ses amis à déjeuner chez vous.
Voilà quatre clés pour réussir l’éducation de votre enfant à la santé sexuelle et reproductive. Surtout, n’appliquez pas exactement nos recommandations sans tenir compte de l’évolution de votre enfant puisque chaque enfant est unique.
Le droit à la santé sexuelle et reproductive est une responsabilité in soludum, partagée entre les parents et les responsables politico-administratifs. Au-delà de l’engagement du dialogue par les parents, l’État a la responsabilité de permettre à tous l’accès aux informations vraies et fiable sur le droit à la santé sexuelle et reproductive.
Avant tout propos, je tiens à vous féliciter pour ce noble combat que vous menez. J’en suis très admiratif. Après une lecture méticuleuse de votre article, j’aimerais bien vous poser ces quelques questions qui me taraudent : 1- Ne pensez-vous pas que les parents (encore très jeunes dans leur majorité ) n’ont pas les ressources éducationnelles nécessaires pour à leur tour bien éduquer leurs enfants ? Je m’explique : aujourd’hui on remarque que beaucoup de couples se sont formés suite à des grossesses non désirés ou suite à un mauvais choix du conjoint créant un climat d’incompatibilité, de frustrations, d’écart de langage, de tensions, et même d’étalage de la mauvaise éducation reçue par eux. Alors, pensez-vous qu’un enfant né dans de tels contextes pourra à son tour recevoir une bonne éducation et plus particulièrement une éducation sexuelle digne du nom ? 2- Aujourd’hui, dans leur grande majorité, les parents n’ont plus le temps pour éduquer convenablement leurs enfants. Ils sont à la quête du mieux-être de leur famille et se tuent aux travail afin de trouver la pitance à la famille. Maman et papa rentrent tardivement à la maison ; l’éducation de l’enfant est laissée à la bonne ou à la télévision, aux réseaux sociaux ou encore aux mauvaises fréquentations. En cette occurrence, n’est-il pas temps pour les parents de redonner une certaine priorité à l’éducation de leur enfants ? Pour d’autres parents, éduquer un enfant c’est de acheter des vêtements, le nourrir, subvenir à ses besoins et c’est tout ! Je pense que le mal est plus profond. Quelle qualité de parents avons nous de nos jours dans notre société dite moderne ? Un adolescent, un immature peut-il éduquer un enfant ? La jeunesse doit revoir ses priorités.
Hello monsieur GBENOU!
Merci pour vos appréciations et surtout pour votre intérêt à la cause.
Je résume votre commentaire en votre dernière préoccupation : Un adolescent, un immature peut-il éduquer un enfant?
Clairement, la réponse c’est non. Cela ne veut pas dire qu’un enfant ayant des parents « immatures » ne peux pas être « mature ». Les chiens ne font pas des chats dit-on (même si en matière d’éducation, rien n’est acquis).
Oui, il faut repenser l’éducation. Oui, il faut revoir les priorités. Oui, il faut prendre le mal à la hauteur de ce qu’il engendre comme conséquence. C’est justement la raison d’être de ce blog et ce qui justifie mon combat. Gagner le pari d’une enfance saine et épanouie, c’est gagner le pari d’une vie d’adulte saine et épanouie mais surtout avoir la certitude de ce que cette nouvelle perception de l’éducation demeure pour un changement durable.
En gros, si le mal est profond, il faudra l’attaquer en profondeur.
Les parents doivent vraiment apprendre à parler avec leurs enfants surtout au plan sexuel car beaucoup ont à leur dire en réalité.
J’ai pris du plaisir à lire😊
Maintenant j’ai une question, comment ce comporter en tant que parent lorsqu’une fille à l’age de minorité tombe enceinte ?
Hello!
Merci pour votre retour.
Comment se comporter en tant que parent lorsqu’une fille toujours mineure tombe enceinte ?
Bon nombre de parents n’arrivent pas à accepter ce genre d’événement. Et donc déjà, la première chose à faire c’est de garder son calme. Il est normal de ressentir une certaine déception à l’égard de son enfant mais maîtriser au plus vite ce ressenti c’est le mieux à faire.
Ensuite, le parent doit discuter avec sa fille pour connaître l’auteur de la grossesse et tout autre information complémentaire. Il pourrait toutefois s’agir d’une grossesse résultant d’une agression sexuelle. Dans ce cas le parent peut engager plusieurs procédures.
Aussi, l’auteur de la grossesse pourrait être un majeur et la loi qualifie cela de viol.
En gros, le parent devrait laisser la possibilité à l’enfant de décider si elle voudrait garder cette grossesse peut importe les circonstances dans lesquelles elle est survenue.
Lorsque la fille décide de ne pas la garder, le parent s’assure qu’elle remplisse les conditions prévues par la loi sur la santé de reproduction révisée pour un avortement sécurisé.
Mais lorsqu’elle décidé de le garder,il se prépare à être un soutien indéfectible pour cette jeune qui subit une pression sociale et psychologique en raison de sa grossesse. Il ne s’agira pas non plus d’écarter la responsabilité de la fille.
Il y a plusieurs autres paramètres qui pourrait définir le comportement du parent et que je ne saurais énumérer ici.
Mais retenons qu’il est nécessaire d’éduquer son enfant à la santé sexuelle et reproductive. En matière d’éducation rien n’est acquis, mais les risques sont énormément réduits.
J’aborderai la question beaucoup plus en détail dans un article très prochainement.
#lepariduneenfancesaineetepanouie
Merci pour votre éclaircissement, c’est vraiment un sujet primordial surtout pour nous les jeunes dans la construction de notre vie. Maintenant j’ai une question et elle est celle ci: qu’elle est en fait l’importance de cette éducation sexuelle ? Ça paraît un peu bizarre mais je sollicite votre clémence envers moi, merci que Dieu vous bénisse.
Merci beaucoup pour le voile que vous tirez. Ce sujet est taxé de tabou en Afrique. Mais on semble ignorer que la sexualité est la vie.
Merci beaucoup !